Le monde est secoué en permanence par des crises et il est travaillé par des changements majeurs.
Les bouleversements affectent les entreprises, les administrations et tous les individus dans leurs sphères professionnelles et privées.
Les crises récentes (Covid-19, Guerre en Ukraine) sont des exemples remarquables par la brutalité de leur déclenchement et par leurs conséquences.
Dans ces cas, comme dans d'autres, les repères sont chamboulés et la panique peut rapidement s'emparer des individus et des organisations.
La réaction des dirigeants est essentielle. Leur mission est de sauver leur navire et leur équipage. La tâche n’est pas aisée.
Deux axes s'imposent à tout dirigeant :
• Prendre des décisions énergiques très rapidement,
• Garder la cohésion de l'équipe.
Que nous disent les maîtres stoïciens pour nous aider à faire face ?
Je partage avec vous trois messages essentiels.
1. RESTER CALME ET LUCIDE
Une situation de crise est, par nature, exceptionnelle. Elle peut générer des craintes plus ou moins fortes, voire des angoisses.
Le stoïcien dit qu’il faut accepter cette situation car nous ne la contrôlons pas. Elle nous est imposée.
Nous avons des choses à faire dans la sphère que nous contrôlons. Faisons-les et ne nous laissons pas dominer par nos émotions et nos passions.
Une situation de crise requiert du recul, de faire preuve de toute notre lucidité et de pouvoir mobiliser toutes nos capacités et toute notre énergie.
Le stoïcien nous dit qu'il est indispensable d’être bien préparé à affronter l'inattendu!
Marcus Aurèle : "Comme c'est ridicule et comme c'est étrange d'être surpris de tout ce qui se passe dans la vie."
Ne jamais se convaincre, pour continuer à vivre tranquillement dans l'instant présent, que "ça n'arrivera jamais". Au contraire, penser que "tout peut arriver".
C'est l'essence de la préparation mentale du stoïcien : "premeditatio malorum".
Avec cet état d'esprit, le dirigeant anticipe l'inattendu en envisageant les scénarios du pire et en préparant les réponses appropriées à une crise :plans de sauvegarde, kits de survie, contacts fiables et calendrier flexible.
Le dirigeant est ainsi serein face aux événements. Cela donne confiance aux parties prenantes de constater la capacité du leader à réagir correctement et à respecter ses engagements.
Marc Aurèle : «Le secret de toute victoire réside dans l'organisation du non-évident.»
2. SE CENTRER SUR L'ESSENTIEL
En temps ordinaire, mon conseil est déjà de se centrer sur l’essentiel. Pas de dispersion. Dans une crise, l'essentiel, c'est de faire très vite le nécessaire pour sauver le navire. Cela nécessite des analyses, des choix, des arbitrages et certainement des sacrifices.
Une condition importante pour se centrer sur l'essentiel : il faut maîtriser le temps.
Le temps de chacun est une ressource rare. Il convient en général d’en faire le meilleur usage dans l’environnement pro et dans l’équilibre vie pro/ vie perso. C'est encore plus pertinent en temps de crise quand les repères temporels ont disparus.
Nous perdons du temps pour deux raisons
:
- D’abord nous nous laissons envahir par les mangeurs de temps. Sénèque le déplorait déjà il y a deux mille ans! C’est encore pire aujourd’hui avec toutes les applis, les chaînes d'infos, différents solliciteurs ... Un seul conseil : pensez à vous et à votre entreprise en prenant le juste nécessaire de ce que l’on vous offre et chassez les importuns !
- Ensuite, nous ne fixons pas toujours correctement nos priorités, et quand nous le faisons, souvent nous y dérogeons. Comme le disait Epictète, il y a les choses que ne l’on contrôle pas et celles que l’on contrôle. Centrons-nous sur ce que l'on contrôle, hiérarchisons et optimisons les plannings avec des méthodologies solides! Qu’est-ce qui est essentiel aujourd’hui en période de crise quand je dirige telle ou telle entreprise ? Dans quel scénario l’action que je déploie s’inscrit-elle ? Comment je vais organiser la sortie de crise et quel cadencement des actions à prévoir?
3. FAIRE SON MÉTIER DE LEADER
En temps normal, mais encore plus en temps de crise, on attend beaucoup du leader. On a raison.
On attend le leader sur deux points :
- Il doit montrer le cap
: avec cette crise, quel scénario pour la période du confinement et pour sa sortie, quel objectif pour la fin de l’année et l’an prochain …) ?
Rappelons-nous, Sénèque (encore) : " Il n'y a point de vent favorable pour celui qui ne sait dans quel port il veut arriver".
- Il doit entraîner son équipage vers ce cap et donner confiance à son environnement
(banque, clients, fournisseurs, partenaires ...).
Une tâche pas facile, il faut le reconnaître. Le leader ne peut y arriver seul. Il doit travailler en équipe pour trouver et valider les idées, pour structurer et affermir la direction stratégique, pour construire et relayer la communication à tout moment de la crise.
Cependant, il ne faut pas oublier que c’est le dirigeant qui décide et assume ses choix. Il faut y être prêt, surtout si des décisions difficiles doivent être prises, annoncées et mises en œuvre.
Deux conseils pour réussir dans son métier de leader :
- Bien gérer et maîtriser son énergie
: La gestion de crise peut consommer trop vite toute son énergie s’il court sur tous les fronts. Il doit s’économiser pour tenir le marathon dans lequel il est engagé.
- La considération à porter à autrui
: encore plus en temps de crise, le dirigeant doit être tourné vers les femmes et les hommes qui constituent la communauté de son entreprise au-dedans et au-dehors.
EN RESUME
Diriger pour faire face à une crise est un exercice difficile. Tout acteur économique peut se retrouver très vite dans une incertitude totale sur l'avenir et sur ce qui en ressortira pour son entreprise et pour lui-même.
La crise, aussi difficile soit-elle, est aussi une formidable leçon d’humilité. Rien n’est jamais acquis. Tout peut être remis en cause.
Pour faire à une crise, le dirigeant doit être un vrai leader.
Par temps calme,
- Il anticipe les scénarios du pire,
- Il prépare des réponses adaptées.
Par temps agité,
- Il est serein car il a anticipé,
- Il se centre sur l'essentiel,
- Il montre le cap,
- Il mobilise son équipage et il donne confiance.
Le coach apporte un appui déterminant au dirigeant dans sa préparation et son management d'une situation de crise.
Le coach
- Permet au dirigeant de prendre de la distance par rapport à son vécu (passé et présent),
- Conduit le dirigeant, par un questionnement opérationnel et socratique, vers une réflexion sur ses pratiques, sur sa vision de l'exercice de son métier et sur les représentations qu’il développe à propos de ses actions et de résultats,
- Invite le dirigeant à entrer, à son rythme et sur des questions concrètes, dans un schéma s’appuyant sur des pratiques stoïciennes correctement interprétées.