Développer une vision globale du job de dirigeant

Tanguy Cathelain • janv. 07, 2021
Travailler avec des dirigeants, des entrepreneurs et des administrateurs permet de mesurer les challenges qu’ils ont à relever au quotidien dans l’exercice de leur métier : prendre des décisions et les assumer seul, donner le cap et ajuster en permanence dans la mise en œuvre, produire des arbitrages, faire des choix et hiérarchiser, être humain et juste, donner envie à toutes les parties prenantes et la liste n’est pas close.
Le plus souvent, les dirigeants font face en faisant appel au bon sens et à des techniques et des méthodes, issues ou non, des meilleures Business Schools, Peu d’entre eux ont un cadre de référence qui leur permet de rester serein et d’embrasser leur métier avec une cohérence globale incluant même leur vie privée.
C’est ce que propose le stoïcisme. C’est une école de pensée pratique qui offre un regard sur la vie et dont l’objectif est de rendre l’individu le plus heureux possible.
Le stoïcisme met en avant quelques principes simples qui engagent une réflexion personnelle sur notre vision de la vie, des choses que nous considérons comme importantes ou non, sur le regard que nous avons sur les autres, sur notre appréciation de la valeur du temps, sur notre gestion des émotions et des passions …
Il permet de se forger une vision cohérente et globale de la vie et en particulier de son métier.

La pratique du stoïcisme appartient à chacun, en suivant son rythme, sa sensibilité ou ses priorités.
De nombreux dirigeants se sont engagés dans cette voie, soit en se revendiquant stoïcien, soit en adoptant simplement des pratiques stoïciennes.
A titre d’illustration, nous présentons ici l’approche stoïcienne de trois sujets d’importance pour tout dirigeant :
  • Fixer des priorités,
  • Manager émotions et passions,
  • Anticiper.
 
1.    FIXER DES PRIORITÉS
Sénèque disait, il y a plus de deux mille ans, que le temps est notre bien le plus précieux et que nous devons veiller à sa bonne utilisation. Pour Marc Aurèle, il faut « faire ce qui est essentiel »
Au dirigeant de faire de même, de ne pas vouloir tout faire, de ne pas répondre à toutes les sollicitations, de faire confiance en pratiquant la délégation, d’utiliser à bon escient les outils de productivité, de ne pas procrastiner.
Le plus difficile pour lui est d’entrer dans la démarche et de définir ce qui est « essentiel ». C’est la condition pour que son business se développe non pas comme il l’espère, mais comme il le décide.   
Quand vous savez ce qui est essentiel pour vous, les choix sont plus clairs et aisés, les décisions de déléguer, d’automatiser … sont évidentes.
Marc Aurèle : « il faut, pour chaque chose, se souvenir de se poser cette question : « N’est-ce point là quelque chose qui n’est point nécessaire ? »

2.    MAITRISER ÉMOTIONS ET PASSIONS
On parle depuis une vingtaine d’années de l’intelligence émotionnelle qui signifie une capacité à prendre du recul et à mobiliser les émotions à bon escient. Les stoïciens pratiquent la maîtrise des émotions depuis plus de deux mille ans Et contrairement à une idée faussement répandue, il s’agit bien de maîtrise et pas d’une négation des émotions.
Comment y parviennent-ils ?
Le stoïcien fait la part entre ce qui dépend de lui et ce qui ne dépend pas de lui. Suivant cette approche, il distingue l’évènement de la manière dont il va le vivre.
Prenons un exemple.
L’entreprise connaît des retards de livraison d’une pièce stratégique dans la production de son produit phare. Cette situation, mal gérée par le dirigeant, peut être une source de stress personnel et d’angoisse sur le chiffre d’affaires à venir. Ces émotions sont le plus souvent répercutées sur le personnel qui est mis sous pression. Les conséquences d’un climat répété de ce type peuvent être un malaise social, des erreurs professionnelles, des ennuis de santé pour des personnes fragiles, un absentéisme …
Le dirigeant stoïcien va faire la part des choses en faisant appel à la raison. Il va relativiser en gardant en tête qu’il y a des choses qui ne sont pas sous contrôle, que les conséquences de la situation étaient dans l’ordre des possibilités identifiées au préalable et que son métier lui commande de travailler rationnellement avec son personnel et ses partenaires à trouver une solution.

3.    ANTICIPER
Tout chef d’entreprise fait des prévisions de chiffre d’affaires et de résultats Il modère ses plans de développement en intégrant des risques généralement raisonnables. Il pratique, assez rarement, la gestion des risques pour prendre des dispositions adaptées en anticipation. En général, tout le monde pèche par excès d’optimisme.
Le stoïcien intègre totalement dans son schéma mental la possibilité de faire face à l’adversité la plus cruelle.
Le stoïcien dépasse l'appréciation des risques et intègre complètement la notion d'incertitude.
Tout stoïcien pratique régulièrement l'exercice connu sous le nom de «premeditatio malorum» ou Visualisation négative.
Il réfléchit à tout ce qui pourrait mal tourner suivant le pire scénario. L’idée est d’être réaliste, de faire une cartographie de ce qui peut arriver afin de ne pas être surpris et de prendre toutes les dispositions possibles en termes de prévention et de préparation. Cela concerne ce qui est sous notre contrôle, mais aussi ce qui est hors de notre contrôle.
Sénèque : « Tout lui réussit, et rien n’arrive contre son attente car il prévoit que quelque chose peut intervenir qui empêche ce qu’il a projeté de réaliser. »  
Cette démarche doit être vue également en lien avec la détermination stoïcienne dans l’action. Ici le dirigeant stoïcien pèse en amont tous les paramètres, identifie les sources d’échec potentiel, prend les mesures adaptées et ensuite s’engage avec résolution en toute connaissance de cause.
Sénèque : « Le sage ne change pas sa décision, si la situation reste intégralement ce qu’elle était lorsqu’il l’a prise … Mais, par ailleurs, il entreprend tout « avec une clause de réserve », … Dans ses desseins très arrêtés, il fait la part des évènements très incertains. »
Pour le stoïcien, cette démarche n’est pas un exercice exceptionnel. C’est une composante normale de sa philosophie de vie.

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par Tanguy Cathelain 10 oct., 2024
Ikigaï est un mot qui est apparu il y a une dizaine d'années dans l'univers du développement personnel. Il est parfois présenté comme un concept philosophique issu du Japon. En réalité, que recouvre ce mot ? Ikigaï est une association ancienne de deux kenjis qui signifie littéralement la raison de vivre . Ce n'est pas un terme utilisé à chaque instant et à chaque coin de rue au Japon, mais il recouvre une réalité profonde. Il traduit une approche de la vie dans laquelle chacun essaie de tirer de la satisfaction à vivre l'instant présent en cohérence avec ses aspirations profondes. C'est un objectif difficile à atteindre. Cette recherche n'est pas propre au Japon. Matthieu Ricard , moine bouddiste retiré au Népal, exprime une même idée : "I l doit bien y avoir, au fond de nous, quelque chose qui nous anime, une direction qui s’impose et qui donne un sens à chacun de nos pas. Vivre, ce n’est pas se contenter d’errer au gré des rencontres et des circonstances, de bricoler comme on le peut, au jour le jour. " Pour trouver sa raison de vivre, un modèle "ikigaï" occidental a fleuri ces dernières années. Son expression est un diagramme de Venn à quatre pétales et une intersection centrale bien marquée. Ce modèle prescrit d'abord de considérer : - Ce qu'on aime, - Ce que l'on sait faire, - Ce que qui nous permet de gagner de l'argent, - Ce dont le monde a besoin. Il demande ensuite de chercher les activités qui sont au croisement des réponses à ces quatre questions et il affirme qu'elles correspondent à notre ikigaï. En terme de développement personnel, ce travail est profitable car les quatre questions ont de la pertinence, et le travail qu'elles induisent peut être utile dans la connaissance de soi et l'élaboration de choix professionnels. Mais l'ikigaï, ce n'est pas cela ! On ne connaît pas ce schéma au Japon. L'ikigaï, c'est plus profond et plus simple à la fois. L'ikigaï est une philosophie de vie. C'est ce que nous dit Michiko Kumano, Psychologue, Osaka Ohtani University : Ressentir son ikigai implique de se consacrer à des activités que l'on apprécie et qui sont associées à des sentiments d'accomplissement et d'épanouissement. De plus, cela nécessite de prendre conscience de valeurs telles que le but de la vie et le sens de l'existence ; c'est orienté vers l'avenir, comme la recherche d'objectifs. Mieko Kamiya est la véritable fondatrice de la psychologie ikgaï. Elle l'a conceptualisée à partir de son expérience personnelle et de son travail clinique de psychiatre auprès de personnes (des lépreux) qui réagissaient différemment les uns des autres au fait d'être lépreux. Le livre unique qu'elle a écrit, Ikigai-ni-Tsuite, pose les bases de l'approche japonaise moderne de l'ikigaï , qui donne lieu à de nombreux et riches travaux universitaires. Rechercher son ikigaï, c'est adhérer à une philosophie de vie, qui demande de changer de perspective en considérant la raison profonde pour laquelle on fait les choses et en se projetant en dynamique dans l'avenir.
par Tanguy Cathelain 28 sept., 2024
Le monde est secoué en permanence par des crises et il est travaillé par des changements majeurs. Les bouleversements affectent les entreprises, les administrations et tous les individus dans leurs sphères professionnelles et privées. Les crises récentes (Covid-19, Guerre en Ukraine) sont des exemples remarquables par la brutalité de leur déclenchement et par leurs conséquences. Dans ces cas, comme dans d'autres, les repères sont chamboulés et la panique peut rapidement s'emparer des individus et des organisations. La réaction des dirigeants est essentielle. Leur mission est de sauver leur navire et leur équipage. La tâche n’est pas aisée. Deux axes s'imposent à tous : • Prendre des décisions énergiques très rapidement, • Garder la cohésion de l'équipe. Que nous disent les maîtres stoïciens pour nous aider à faire face ? Je partage avec vous trois messages essentiels. 1. RESTER CALME ET LUCIDE Une situation de crise est, par nature, exceptionnelle. Elle peut générer des craintes plus ou moins fortes, voire des angoisses. Le stoïcien dit qu’il faut accepter cette situation car nous ne la contrôlons pas. Elle nous est imposée. Nous avons des choses à faire dans la sphère que nous contrôlons. Faisons-les et ne nous laissons pas dominer par nos émotions et nos passions. Une situation de crise requiert du recul, de faire preuve de toute notre lucidité et de pouvoir mobiliser toutes nos capacités et toute notre énergie. Le stoïcien nous dit qu'il est indispensable d’être bien préparé à affronter l'inattendu! Marcus Aurèle : "Comme c'est ridicule et comme c'est étrange d'être surpris de tout ce qui se passe dans la vie." Ne jamais se convaincre, pour continuer à vivre tranquillement dans l'instant présent, que "ça n'arrivera jamais". Au contraire, penser que "tout peut arriver". C'est l'essence de la préparation mentale du stoïcien : "premeditatio malorum". Avec cet état d'esprit, le dirigeant anticipe l'inattendu en envisageant les scénarios du pire et en préparant les réponses appropriées à une crise :plans de sauvegarde, kits de survie, contacts fiables et calendrier flexible. Le dirigeant est ainsi serein face aux événements. Cela donne confiance aux parties prenantes de constater la capacité du leader à réagir correctement et à respecter ses engagements. Marc Aurèle : «Le secret de toute victoire réside dans l'organisation du non-évident.» 2. SE CENTRER SUR L'ESSENTIEL En temps ordinaire, mon conseil est déjà de se centrer sur l’essentiel. Pas de dispersion. Dans une crise, l'essentiel, c'est de faire très vite le nécessaire pour sauver le navire. Cela nécessite des analyses, des choix, des arbitrages et certainement des sacrifices. Une condition importante pour se centrer sur l'essentiel : il faut maîtriser le temps. Le temps de chacun est une ressource rare. Il convient en général d’en faire le meilleur usage dans l’environnement pro et dans l’équilibre vie pro/ vie perso. C'est encore plus pertinent en temps de crise quand les repères temporels ont disparus. Nous perdons du temps pour deux raisons : - D’abord nous nous laissons envahir par les mangeurs de temps . Sénèque le déplorait déjà il y a deux mille ans! C’est encore pire aujourd’hui avec toutes les applis, les chaînes d'infos, différents solliciteurs ... Un seul conseil : pensez à vous et à votre entreprise en prenant le juste nécessaire de ce que l’on vous offre et chassez les importuns ! - Ensuite, nous ne fixons pas toujours correctement nos priorités , et quand nous le faisons, souvent nous y dérogeons. Comme le disait Epictète, il y a les choses que ne l’on contrôle pas et celles que l’on contrôle. Centrons-nous sur ce que l'on contrôle, hiérarchisons et optimisons les plannings avec des méthodologies solides! Qu’est-ce qui est essentiel aujourd’hui en période de crise quand je dirige telle ou telle entreprise ? Dans quel scénario l’action que je déploie s’inscrit-elle ? Comment je vais organiser la sortie de crise et quel cadencement des actions à prévoir? 3. FAIRE SON MÉTIER DE LEADER En temps normal, mais encore plus en temps de crise, on attend beaucoup du leader. On a raison. On attend le leader sur deux points : - Il doit montrer le cap : avec cette crise, quel scénario pour la période du confinement et pour sa sortie, quel objectif pour la fin de l’année et l’an prochain …) ? Rappelons-nous , Sénèque (encore) : " Il n'y a point de vent favorable pour celui qui ne sait dans quel port il veut arriver". - Il doit entraîner son équipage vers ce cap et donner confiance à son environnement (banque, clients, fournisseurs, partenaires ...). Une tâche pas facile, il faut le reconnaître. Le leader ne peut y arriver seul. Il doit travailler en équipe pour trouver et valider les idées, pour structurer et affermir la direction stratégique, pour construire et relayer la communication à tout moment de la crise. Cependant, il ne faut pas oublier que c’est le dirigeant qui décide et assume ses choix. Il faut y être prêt, surtout si des décisions difficiles doivent être prises, annoncées et mises en œuvre. Deux conseils pour réussir dans son métier de leader : - Bien gérer et maîtriser son énergie : La gestion de crise peut consommer trop vite toute son énergie s’il court sur tous les fronts. Il doit s’économiser pour tenir le marathon dans lequel il est engagé. - La considération à porter à autrui : encore plus en temps de crise, le dirigeant doit être tourné vers les femmes et les hommes qui constituent la communauté de son entreprise au-dedans et au-dehors. EN RESUME Diriger pour faire face à une crise est un exercice difficile. Tout acteur économique peut se retrouver très vite dans une incertitude totale sur l'avenir et sur ce qui en ressortira pour son entreprise et pour lui-même. La crise, aussi difficile soit-elle, est aussi une formidable leçon d’humilité. Rien n’est jamais acquis. Tout peut être remis en cause. Pour faire à une crise, le dirigeant doit être un vrai leader. Par temps calme, - Il anticipe les scénarios du pire, - Il prépare des réponses adaptées. Par temps agité, - Il est serein car il a anticipé, - Il se centre sur l'essentiel, - Il montre le cap, - Il mobilise son équipage et il donne confiance. Le coach apporte un appui déterminant au dirigeant dans sa préparation et son management d'une situation de crise. Le coach - Permet au dirigeant de prendre de la distance par rapport à son vécu (passé et présent), - Conduit le dirigeant, par un questionnement opérationnel et socratique, vers une réflexion sur ses pratiques, sur sa vision de l'exercice de son métier et sur les représentations qu’il développe à propos de ses actions et de résultats, - Invite le dirigeant à entrer, à son rythme et sur des questions concrètes, dans un schéma s’appuyant sur des pratiques stoïciennes correctement interprétées.
par Tanguy Cathelain 23 sept., 2024
Nous avons tous des échecs dans la vie : des échecs mineurs et de gros échecs. Nous pouvons rater une vente, ne pas être recruté à l’issue d’un processus de chasse, ne pas atteindre des objectifs validés, ne pas réussir à attirer des investisseurs sur un projet majeur, déposer le bilan ou être licencié. Suivant l’importance des enjeux et le niveau d’investissement personnel, l’échec peut être plus ou moins bien vécu. Il peut avoir des conséquences négatives sur la personne même (perte de confiance en soi, démotivation, remise en cause de ses buts et de ses réalisations …), sur sa vie de famille ou sur son niveau de vie. Un échec bien vécu ne pénalise pas l'activité personnelle et professionnelle. Un échec bien managé peut être le moteur de futurs succès. On entend souvent dire à propos de l’échec qu’il est formateur et qu’il permet d’avancer. On applique à sa gestion la théorie du Dr Elisabeth Kübler-Ross sur l’appropriation par l’individu de la perspective de sa mort prochaine et inéluctable. Cela est d’ailleurs pertinent : tout individu, en phase d’échec, va effectivement traverser les cinq phases de ce parcours : déni, colère, marchandage, dépression et enfin acceptation. Le parcours est plus ou moins long et intense suivant l’importance ressentie de l’échec, sa récurrence peut-être et les qualités psychologiques de l’individu. Ce parcours douloureux est-il évitable ? Oui, répondent les stoïciens. L'entraînement stoïcien, comme celui d'un un athlète sportif, se traduit par un vécu et une gestion de l'échec plus aisée et il favorise le rebond. I. COMMENT LE STOÏCIEN EXPÉRIMENTÉ SE COMPORTE FACE A L’ÉCHEC Le stoïcien expérimenté est un homme ou une femme qui maîtrise ses passions et qui privilégie la raison. Le stoïcien fait la part entre ce qui dépend de lui et ce qui ne dépend pas de lui. Suivant cette approche, il distingue l’évènement de la manière dont il va le vivre. S’il connaît un échec, comme rater une vente stratégique, il va considérer que c’est un fait, que c’est arrivé et qu’on n’y peut plus rien. Il sait, par expérience, qu’il lui appartient de vivre cet échec comme une catastrophe et de sombrer dans la dépression ou de le relativiser et de rebondir en tirant les enseignements de ce qui s’est passé. La puissance de l’entraînement à certains principes permet au stoïcien de garder la tête froide face à l’adversité. Nous avons mentionné le premier d’entre eux : faire la part entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. - Ce principe permet d'abord, face à l’échec, de mettre à leur place respective la responsabilité personnelle et les éléments de contexte que l’on ne peut pas maîtriser, même lorsqu’on a fait le job à 200% : des critères cachés, des arguments nouveaux d’un concurrent, le poids réel des acteurs internes du prospect dans la chaîne de décision, le fait d'être grippé le jour de la négociation … Ce principe nous rappelle que nous devons toujours nous comporter avec humilité : malgré tous nos efforts, nous devons savoir que nous ne contrôlons pas tout . - Ce principe invite également à distinguer les faits des représentations que nous en faisons lorsque nous développons des émotions et des sentiments à partir de ces faits. Un échec se traduit par un fait qui est extérieur. Pour le stoïcien expérimenté, il n’y a donc pas lieu de développer des émotions telles que des regrets, du ressentiment, un sentiment d’être nul, de la colère ... pour quelque chose qui est extérieur et qu’on ne peut plus changer. Pour que l’échec ne soit pas générateur de déception, voire pire, le stoïcien mobilise un autre principe : la relation du stoïcien avec le temps . Deux idées fortes le caractérisent : • le temps est notre bien le plus précieux, • le futur est toujours incertain, le passé est connu et le présent est fugace, mais c’est ce que nous vivons. Comment cela aide-t-il le stoïcien face à l’échec ? En premier lieu, comme l’avenir est incertain, le stoïcien ne fait pas de plans sur la comète. Il met toute son énergie et son intelligence pour réussir, mais il ne s’illusionne pas pour autant. Dans tout projet, l’échec est un évènement qui a une probabilité non nulle d’arriver. S’il arrive, cela ne peut donc pas être un traumatisme. Ensuite, dans le cadre d’une analyse logique de la situation, le stoïcien est conscient, le temps étant son bien le plus précieux, qu’il doit continuer et passer à autre chose plutôt que de se lamenter et de ressasser le passé. En résumé, face l’échec, le stoïcien - le regarde en face, sans passion, - fait la part des choses entre sa responsabilité et ce qui est hors de son contrôle, - en tire les enseignements et passe à la suite. II. COMMENT LE NON-STOÏCIEN PEUT AMÉLIORER SON MANAGEMENT DE L’ÉCHEC Ce que nous venons de décrire concerne le stoïcien expérimenté. Il est comme un athlète de haut niveau, performant parce que soumis à un entraînement de long terme, intense et régulier. Sans vouloir concourir avec l’athlète de haut niveau, le non-stoïcien peut tirer parti très utilement et concrètement de l’expérience et de la pratique de celui-ci. C’est la particularité du stoïcisme : c’est une philosophie du quotidien. Ses visées sont opérationnelles. Le non-stoïcien travaille avec profit sur les trois cas d’application suivants : - Accélérer son parcours d’acceptation d’un échec récent, - Anticiper le possible échec d’un projet ou d’une action en cours, - Développer un regard nouveau sur son travail et sur les projets qu’il conduit en les plaçant dans une perspective plus raisonnée. Le non-stoïcien, accompagné par un coach, entre progressivement dans le schéma mental du stoïcien par le questionnement socratique sur des cas concrets : des exemples, des situations vécues ou en cours. Le questionnement est guidé par trois principes clés du stoïcisme : - La distinction entre ce que l’on contrôle et ce que l’on ne contrôle pas, - La distinction des faits de celle des représentations, donc la maîtrise des émotions et des passions, - La relation avec le temps. Le coach apporte un appui déterminant pour la réussite de ce travail. Il est un soutien méthodologique et moral et il est le garant de la progression vers des objectifs de performance. Le coach - Permet à la personne de prendre de la distance par rapport à son vécu (passé et présent), - La conduit, par un questionnement opérationnel et socratique, vers une réflexion sur ses pratiques, sur sa vision de l'exercice de son métier et sur les représentations qu’elle développe à propos de ses actions et de résultats, - L’invite à entrer, à son rythme et sur des questions concrètes, dans un schéma s’appuyant sur des pratiques stoïciennes correctement interprétées.
management du temps
par Tanguy Cathelain 15 sept., 2022
Le stoïcien manage le temps en s'appuyant sur son cadre de référence. Nous présentons ici les principes qui guident le stoïcien ainsi que les modalités opérationnelles de management du temps qui en découlent. Nous rappelons les voies d'initiation au stoïcisme. Sénèque disait : « quand il s'agit de perdre son temps, on est prodigue dans le seul domaine où l'avarice serait honorable .»
par Epictetus Coaching 29 janv., 2021
Travailler son leadership est un vrai besoin du dirigeant. Trois axes sont à privilégier : la maîtrise de l'égo, le développement de la vision et la capacité à former des talents et à fonctionner en dynamique d'équipe.
par Tanguy Cathelain 07 janv., 2021
L'apport du stoÏcisme au job de dirigeant sur les thèmes de la gestion des priorités, de la maîtrise des émotions et de l'anticipation. Des ancrages stoïciens forts : Premeditatio malorum, Ce qui dépend de nous
par Epictetus Coaching 06 janv., 2021
Two tips for leaders conducting a business in a context of disruption : refuse the no-win scenario and work with a brand new team
par Tanguy Cathelain 06 janv., 2021
La crise de la Covid-19 souligne l’importance des capacités de résilience. Le sport est un terrain propice à l’apprentissage et au développement de la résilience. C’est aussi une source d’inspiration pour toute la société. Il existe mille et une raisons de ne pas pouvoir atteindre ses objectifs, malgré toute la préparation exhaustive et minutieuse que l’on peut faire faire en amont d’une épreuve sportive. La pratique du sport apprend à ne pas renoncer, à accepter et à surmonter l’échec ou la difficulté, puis à se réinventer pour être plus fort et pour réussir là où l’on a échoué. Tous les grands champions traversent des épreuves et réussissent à renouer avec la victoire après des échecs et des moments de doute. Ils forgent leur résilience en s’appuyant sur 4 qualités essentielles. LA DÉTERMINATION Le grand champion est animé d’une motivation extrême et d’une grande détermination. Il veut être le meilleur, ou pratiquer au plus haut niveau un sport auquel il s’identifie complètement, ou se constituer un palmarès exceptionnel … C’est sa raison d’être. Elle se traduit par la passion que le champion porte à son sport, par son acceptation de tous les sacrifices que cela représente pour viser l’excellence, et par une capacité à se remettre en cause dès que nécessaire. « J'arrêterai de courir quand je n'aimerai plus ça » dit Niki Lauda peu après son terrible accident en 1977 où il a frôlé la mort. « Quand vous faites quelque chose de mieux dans la vie, vous ne voulez pas vraiment y renoncer . » Roger Federer « Je n'abandonne jamais. Je me bats jusqu'au bout. Vous ne pouvez pas sortir et dire : «Je veux de l’instinct de survie.» Ce n'est pas à vendre. C’est en vous. », Serena Williams. LA LUCIDITÉ Être sportif, c’est entraîner sa lucidité. Elle concerne sa propre condition physique et sa maîtrise de l’effort, l’environnement dans lequel on évolue et notamment les dangers ou menaces qu’il comporte, la stratégie et les mouvements de ses adversaires. Pour développer la lucidité, il faut simplement (mais ce n’est pas si simple) faire la part des choses entre ce que l’on maîtrise et ce que l’on ne maîtrise pas : Ce que l’on ne maîtrise pas , c’est ce qui se passe en dehors de notre conscience : la météo, les aléas sur le parcours, nos adversaires avec leurs stratégies et leur état de forme, nos outils techniques … Ce que l’on maîtrise , ce sont nos perceptions (éveil aigu des sens sur notre environnement) et nos sensations (par exemple, comment va notre corps à l’instant décisif, grâce ou malgré les préparations en amont), nos sentiments (déprime ou enthousiasme), notre volonté et notre détermination. Les grands champions excellent dans cet exercice de la maîtrise. C’est ce qui leur permet d’exploiter au mieux leur environnement et de faire la différence avec leurs concurrents. « J'essaie de me pousser à ne pas me fâcher et à rester positif, et c'est ce à quoi je dois ma plus grande amélioration au cours de toutes ces années. Sous pression, je vois les choses très clairement. » Roger Federer LA SOUPLESSE La souplesse s’appuie sur la lucidité : il faut être conscient de son environnement et de soi-même pour pouvoir décider de ce qui est le mieux, nonobstant les objectifs fixés préalablement. La souplesse consiste à savoir prendre du recul, à relativiser les choses et à adapter ses objectifs aux circonstances. Ainsi en est-il du grand champion cycliste qui part pour viser le classement général d’un grand tour. Si les circonstances de course lui sont défavorables (chute, méforme physique …), il reporte ses ambitions sur des victoires d’étape, sur un classement annexe ou sur une autre course en terminant le tour comme si c’était une séance d’entraînement. « Je pense simplement qu'il est important de prendre parfois du recul et de voir les bonnes choses que vous avez faites, de vous donner du temps, peut-être de mettre la barre un peu plus bas. Premièrement, essayons peut-être de chercher des quarts ou des demi-finales, et pas seulement de penser tout de suite, en venant à l'Open d'Australie, à l'Open des États-Unis, « Je dois gagner cette chose; »…. Roger Federer DES QUALITÉS HUMAINES EXCEPTIONNELLES Tout grand champion, même du sport apriori le plus individuel, travaille en équipe. Quand le champion gagne, c’est tout une équipe qui réussit. Le champion le sait et il a toutes les qualités d’un leader d’équipe. C’est pour cela qu’au-delà de la fierté d’être le meilleur et de battre des records, le champion est un homme ou une femme humbles, qui aime les autres, qui les écoute, qui sait les fédérer et qui est respecté même par ses adversaires. « C'est une bonne personne, un joueur fantastique et un grand homme sur le terrain .» Roger Federer vu par Rafael Nadal.
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